Fausse affirmation : le geste du « Middle finger » dérive de soldats anglais lors de la bataille d’Agincourt en 1415

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Une image largement partagée sur les médias sociaux explique prétendument les origines historiques du « middle finger », considéré comme un geste offensant dans la culture occidentale. L’image prétend que le geste dérive des soldats anglais lors de la bataille d’Agincourt, en France, en 1415. Cette affirmation est fausse.

Le post prétend que les Français avaient prévu de couper le majeur de tous les soldats anglais capturés, afin de les empêcher de dégainer leurs arcs longs lors de futures batailles. Il poursuit en affirmant qu’après une victoire inattendue, les soldats anglais se sont moqués des troupes françaises vaincues en agitant leur majeur ( ici ).

L’image prétend en outre que les soldats anglais ont scandé « pluck yew », ostensiblement en référence au tirage de l’arc long. Le son « pl », selon l’histoire, s’est progressivement transformé en « f », donnant au geste sa signification actuelle.

ADVERTISSEMENT

Bien qu’elle puisse être destinée à l’humour, l’image diffusée sur les médias sociaux est historiquement inexacte.

ORIGINES ANCIENNES

Il peut être difficile de déterminer exactement quand le geste du majeur est apparu, mais certains historiens font remonter ses racines à la Rome antique. Dans Nature Embodied : Gesture in Ancient Rome, Anthony Corbeill, professeur de lettres classiques à l’université du Kansas écrit :

« L’exemple le plus familier de la coexistence d’un élément humain et transhumain est le majeur étendu. Représentant à l’origine le phallus en érection, ce geste véhicule simultanément une menace sexuelle pour la personne à laquelle il s’adresse et un moyen apotropaïque d’écarter les éléments indésirables du plus qu’humain. » ( ici )

Dans le livre, Corbeill pointe du doigt Priapus, une divinité mineure qu’il date de 400 avant JC, qui apparaît plus tard également à Rome comme le gardien des jardins, selon l’Oxford Encyclopedia of Greece and Rome ( ici ). L’utilisation décorative de l’image de Priape correspondait à l’utilisation romaine des images des organes génitaux masculins pour éloigner le mal. Le geste romain « fait en étendant le troisième doigt à partir d’un poing fermé », faisait donc la même menace, en formant une forme phallique similaire.

Un reportage de BBC News Magazine fait remonter de la même manière le geste aux philosophes de la Grèce antique ( ici ).

ADVERTISSEMENT

« PLUCK YEW »

Dans un livre sur la bataille d’Agincourt, Anne Curry, professeur émérite d’histoire médiévale à l’université de Southampton, a abordé une revendication similaire prescrite au « signe V », également considéré comme un geste offensant :

« Aucune chronique ou histoire du XVIe siècle ne dit que les archers anglais ont fait un geste quelconque aux Français après la bataille afin de montrer qu’ils avaient encore leurs doigts. Il n’existe aucune preuve que, lorsqu’ils étaient capturés, dans quelque scénario que ce soit, les archers se faisaient couper le doigt par l’ennemi » ( bit.ly/3dP2PhP ).

En 1999, Snopes a démystifié davantage les aspects historiques de l’affirmation, ainsi que le composant expliquant comment l’expression « pluck yew » a progressivement changé de forme pour commencer par un « f » ( ici ).

VERDICT

Faux. Le geste du « majeur » ne dérive pas de la mutilation des archers anglais lors de la bataille d’Agincourt en 1415. Certains historiens font remonter ses origines à la Rome antique.

ADVERTISSEMENT

Cet article a été produit par l’équipe Reuters Fact Check. Pour en savoir plus sur notre travail de vérification des faits sur les médias sociaux, cliquez ici .

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