Le trouble bipolaire II : épidémiologie, diagnostic et prise en charge

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Le trouble bipolaire II (BP-II) est défini, par le DSM-IV, comme des épisodes récurrents de dépression et d’hypomanie. L’hypomanie, selon le DSM-IV, nécessite une humeur élevée (euphorique) et/ou irritable, plus au moins trois des symptômes suivants (quatre si l’humeur n’est qu’irritable) : grandiosité, diminution du besoin de sommeil, augmentation des bavardages, accélération des pensées, distractibilité, suractivité (augmentation de l’activité dirigée vers un but), agitation psychomotrice et participation excessive à des activités à risque. Ce changement observable du fonctionnement ne doit pas être suffisamment grave pour entraîner une altération marquée du fonctionnement social ou professionnel, ou pour nécessiter une hospitalisation. La distinction entre le BP-II et le trouble bipolaire I (BP-I) n’est pas nette. Les symptômes de la manie (définissant le BP-I) et de l’hypomanie (définissant le BP-II) sont les mêmes, à l’exception de la présence d’une psychose dans la manie, et la distinction est basée sur la présence d’une déficience marquée associée à la manie, c’est-à-dire que la manie est plus grave et peut nécessiter une hospitalisation. Il s’agit d’une frontière floue qui peut conduire à une classification erronée ; cependant, le fait que l’hypomanie augmente souvent le fonctionnement rend la distinction entre manie et hypomanie plus claire. La dépression BP-II peut être syndromique et subsyndromique, et c’est la caractéristique principale de la BP-II. Il s’agit souvent d’une dépression mixte, c’est-à-dire qu’elle présente des symptômes hypomaniaques concomitants, généralement subsyndromiques. Les troubles bipolaires du DSM-IV (BP-I, BP-II, trouble cyclothymique et trouble bipolaire non autrement classé, qui comprend des cycles très rapides et une hypomanie récurrente) sont désormais considérés comme faisant partie du « spectre bipolaire ». Ce dernier n’est pas inclus dans le DSM-IV, mais on pense qu’il comprend également l’hypomanie associée aux antidépresseurs/aux substances, le tempérament cyclothymique (un trait d’humeur, de pensée et de comportement très instable), la dépression mixte unipolaire et la dépression unipolaire hautement récurrente.Le BP-II est sous-diagnostiqué dans la pratique clinique, et son traitement pharmacologique est sous-étudié. Le sous-diagnostic est démontré par des études épidémiologiques récentes. Alors que, dans le DSM-IV, la prévalence communautaire à vie du trouble bipolaire II est de 0,5 %, les études épidémiologiques ont montré que la prévalence communautaire à vie du trouble bipolaire (incluant le spectre bipolaire) est d’environ 5 %. Chez les patients dépressifs en consultation externe, un sur deux peut présenter un BP-II. L’augmentation récente du nombre de diagnostics de BP-II dans le cadre de la recherche est liée à plusieurs facteurs, notamment l’introduction de l’utilisation d’entretiens semi-structurés par des cliniciens formés à la recherche, un assouplissement des critères diagnostiques de sorte que la durée minimale de l’hypomanie est désormais inférieure aux 4 jours stipulés par le DSM-IV, et une recherche d’antécédents d’hypomanie axée davantage sur la suractivité (augmentation de l’activité dirigée vers un but) que sur le changement d’humeur (bien que cela soit toujours requis pour un diagnostic d’hypomanie). Les directives sur le traitement de la PA-II sont principalement basées sur un consensus et tendent à suivre celles du traitement de la PA-I, car il y a eu peu d’études contrôlées sur le traitement de la PA-II. Les preuves actuelles, limitées, soutiennent les lignes de traitement suivantes pour la PA-II. L’hypomanie est susceptible de répondre aux mêmes agents que ceux utilisés pour la manie, c’est-à-dire les agents stabilisateurs de l’humeur comme le lithium et le valproate, et les antipsychotiques de deuxième génération (c’est-à-dire l’olanzapine, la quétiapine, la rispéridone, la ziprasidone, l’aripiprazole). L’hypomanie doit être traitée même si elle est associée à un sur-fonctionnement, car une dépression suit souvent rapidement l’hypomanie (le cycle hypomanie-dépression). Pour le traitement de la dépression aiguë BP-II, deux études contrôlées de la quétiapine n’ont pas trouvé d’effets positifs nets. Des études naturalistes, bien que sujettes à plusieurs biais, ont montré que les antidépresseurs dans la dépression BP-II aiguë étaient aussi efficaces que dans la dépression unipolaire ; cependant, une étude contrôlée récente de grande envergure (principalement chez des patients atteints de BP-I) a montré que les antidépresseurs n’étaient pas plus efficaces que le placebo. Les résultats des études naturalistes et des observations cliniques sur la dépression mixte, bien qu’ils doivent être reproduits dans des études contrôlées, indiquent que les antidépresseurs peuvent aggraver les symptômes hypomaniaques intradépressifs concomitants. Le seul traitement préventif à la fois de la dépression et de l’hypomanie qui est soutenu par plusieurs études contrôlées, bien que plus anciennes, est le lithium. La lamotrigine a montré une certaine efficacité pour retarder les récidives de dépression, mais il y a également eu plusieurs études négatives non publiées sur ce médicament dans cette indication.

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