Il y a trois façons principales de s’attaquer au sans-abrisme:
- Prévention – Empêcher les gens de devenir sans-abri en premier lieu.
- Intervention d’urgence – Fournir des soutiens d’urgence comme un abri, de la nourriture et des programmes de jour, pendant qu’une personne est sans abri.
- Logement, hébergement et soutiens – La fourniture d’un logement et de soutiens continus comme moyen de sortir les gens du sans-abrisme.
Depuis l’émergence de l’itinérance de masse au milieu des années 1980, nous avons largement utilisé les services d’urgence pour répondre aux besoins immédiats des gens. Bien que nous aurons toujours besoin de services d’urgence pour aider les personnes en crise, au fil du temps, ces réponses à court terme sont devenues la méthode standard pour gérer l’itinérance à long terme.
Au cours de la dernière décennie, les politiques et les pratiques canadiennes ont commencé à passer de la gestion de l’itinérance à la recherche de solutions, en particulier l’expansion de l’approche Housing First à travers le pays. Le modèle de Logement d’abord fournit un logement et des soutiens aux personnes en situation d’itinérance chronique, sans exigences de préparation au logement. Les nouvelles recherches, l’innovation et les meilleures pratiques ont propulsé notre réflexion pour rendre réaliste l’objectif de mettre fin à l’itinérance ; cependant, il nous manque encore une pièce importante : la prévention de l’itinérance en premier lieu.
Pourquoi devons-nous attendre que les personnes soient ancrées dans l’itinérance pour leur offrir de l’aide ?
Les données internationales révèlent que la prévention de l’absence de chez-soi est judicieuse d’un point de vue social et économique. Voir les recherches de :
- Australie
- Pays de Galles
- Angleterre
- États-Unis
- Canada
Les évaluations des initiatives de prévention en Allemagne, en Angleterre et au Royaume-Uni ont démontré que la prévention contribuait à la réduction de l’absence de chez-soi. Un éventail d’interventions de prévention, allant de la prévention des expulsions à la médiation entre propriétaires, en passant par le soutien aux survivants de la violence entre partenaires intimes, ont toutes montré leur succès.
Au Canada, la recherche sur l’importance de la planification de la sortie des établissements correctionnels, des hôpitaux et des refuges fournit des preuves que les efforts de prévention peuvent et vont réussir dans le contexte canadien. La recherche continue d’éclairer les pratiques émergentes visant à soutenir les populations clés, notamment les jeunes, les anciens combattants, les familles et les personnes ayant des besoins élevés, comme des dépendances ou des problèmes de santé mentale. Bien qu’il y ait toujours des lacunes dans les connaissances sur la prévention de l’itinérance, en particulier en ce qui concerne l’évaluation et la mesure des résultats, les preuves s’accumulent qu’elle est efficace et qu’il vaut la peine d’y investir.
Définition de la prévention de l’itinérance
La prévention de l’itinérance fait référence aux politiques, aux pratiques et aux interventions qui réduisent la probabilité qu’une personne se retrouve sans abri. Cela signifie également fournir aux personnes qui ont été sans domicile les ressources et les soutiens nécessaires pour stabiliser leur logement, améliorer l’intégration et l’inclusion sociale, et finalement réduire le risque de récurrence de l’absence de chez-soi.
Les causes de l’absence de chez-soi comprennent des facteurs individuels et relationnels, des facteurs structurels plus larges basés sur la population, et l’échec de nombreuses institutions publiques à protéger les personnes de l’absence de chez-soi. Cela suggère que la prévention de l’absence de chez-soi doit non seulement inclure des interventions ciblées sur les individus, mais aussi des réformes structurelles plus larges visant à s’attaquer aux moteurs de l’absence de chez-soi. Le fait que non seulement les communautés, mais aussi tous les ordres de gouvernement, et la plupart des ministères en leur sein, aient la responsabilité de contribuer à la prévention de l’absence de chez-soi est conforme à la perspective des droits de l’homme.
Adaptation du modèle de santé publique
La prévention de l’absence de chez-soi adapte le modèle de prévention de la santé publique, qui est utilisé depuis les années 1940 pour réduire les risques et les préjudices associés aux maladies. Le modèle de santé publique fournit une gamme d’interventions de prévention qui devraient avoir lieu simultanément.
Prévention primaire
Fait référence aux initiatives de niveau structurel qui s’appliquent à tout le monde, afin de réduire le risque d’exclusion liée au logement et de construire des facteurs de protection. Du point de vue de la santé, la prévention primaire comprend les programmes d’immunisation ou les campagnes antitabac. Le cadre décompose davantage la prévention primaire pour décrire un ensemble de stratégies qui ont un impact sur la population dans son ensemble :
- Prévention universelle – politiques et interventions qui ciblent le grand public. Bien que ces stratégies n’aient pas toujours pour objectif la prévention de l’absence de chez-soi, elles ont pour effet de réduire les risques de devenir sans-abri en créant une plus grande égalité, ce qui est vital pour la prévention de l’absence de chez-soi. Il s’agit par exemple d’avoir une offre suffisante de logements abordables et de stratégies de réduction de la pauvreté, comme un meilleur accès à des services de garde d’enfants abordables.
- Prévention sélective – efforts de prévention visant les membres d’un groupe particulier, comme les programmes scolaires et les stratégies de lutte contre l’oppression pour les personnes confrontées à la discrimination, en particulier les peuples autochtones. Cela inclut également les programmes destinés aux personnes à faible revenu, comme le programme de revenu de base actuellement mis à l’essai en Ontario.
- Prévention indiquée – s’applique à toutes les personnes défavorisées pour s’assurer qu’elles ne deviennent pas sans-abri en premier lieu. Des exemples de prévention indiquée comprennent le soutien aux familles victimes de violence et aux personnes confrontées à des problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Prévention secondaire
Ces stratégies d’intervention s’adressent à ceux qui sont à risque imminent d’itinérance (c’est-à-dire qui ont reçu un avis d’expulsion) ainsi qu’à ceux qui sont récemment devenus sans-abri, dans le but d’éviter l’itinérance ou d’en sortir le plus rapidement possible. La prévention secondaire comprend un éventail d’options allant de l’aide financière d’urgence à la médiation familiale, en passant par l’aide aux victimes de violence domestique, pour n’en citer que quelques-unes.
Prévention tertiaire
Initiatives de prévention qui soutiennent les personnes et les familles qui ont déjà connu l’exclusion liée au logement afin de s’assurer que cela ne se reproduise pas. Le modèle de logement d’abord est un type de prévention tertiaire en fournissant aux personnes sans abri chronique un logement et des soutiens pour maintenir la stabilité du logement.
Ces classifications existent le long d’un continuum. Afin de prévenir efficacement l’absence de chez-soi, les trois formes de prévention doivent se produire simultanément. La plupart des programmes de prévention qui existent au Canada et à l’étranger entrent dans la catégorie de la prévention secondaire. Bien que ces interventions soient cruciales pour soutenir les personnes en crise, les interventions secondaires ne peuvent à elles seules prévenir l’itinérance. Les interventions structurelles et systémiques qui fonctionnent au niveau de la prévention primaire sont nécessaires pour fournir l’ossature de politiques, de pratiques et de financement permettant aux interventions individuelles de réussir.
Typologie
La typologie décrite ci-dessous décrit les diverses politiques, pratiques et interventions nécessaires pour prévenir l’itinérance au Canada. La prévention exige une approche systémique intégrée, où chaque catégorie travaille en union avec une autre. De plus, chacune des cinq catégories a des répercussions sur la prévention primaire, secondaire et tertiaire. Comme décrit ci-dessus, les classifications ne sont pas discrètes ; la prévention de l’itinérance exige un niveau accru de coordination entre tous les niveaux de gouvernement, une collaboration entre les systèmes et les institutions, et une coopération au niveau communautaire. La typologie est la suivante:
Prévention structurelle
La législation, les politiques et les investissements qui renforcent les actifs et augmentent l’inclusion sociale et l’égalité.
- Exemples : Augmenter le parc de logements abordables, la politique, la pratique et la formation en matière de lutte contre la discrimination, les stratégies de réduction de la pauvreté et les soutiens au revenu
Prévention systémique
S’attaquer aux défaillances institutionnelles et systémiques qui contribuent au risque d’itinérance.
- Exemples : Les obstacles à l’accès aux soutiens, tels que les difficultés de transport, le handicap, les barrières linguistiques, le coût, les exigences en matière de citoyenneté, la difficulté à naviguer dans le système, etc.
Intervention précoce
Politiques et pratiques visant à soutenir les personnes et les familles qui courent un risque imminent d’itinérance ou qui sont récemment devenues sans abri.
- Exemples : Médiation familiale, déjudiciarisation des refuges, gestion de cas
Prévention des expulsions
Programmes et stratégies conçus pour maintenir les personnes menacées d’expulsion dans leur logement et éviter l’exclusion liée au logement.
- Exemples : Législation sur les propriétaires/locataires, suppléments de loyer, fonds d’urgence, conseils et représentation juridiques
Stabilité du logement
Initiatives et soutien aux personnes qui ont connu l’itinérance qui leur permettent de sortir rapidement de l’itinérance et de ne plus jamais en faire l’expérience.
- Exemples : Logement d’abord, aide à l’obtention et à la conservation d’un logement, soutien à la santé et au bien-être, à l’éducation et à l’emploi, et renforcement de l’inclusion sociale
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