René Descartes

Vie précoce et éducation

Découvrez la vie et l'œuvre du mathématicien et philosophe français, René Descartes

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Questions et réponses sur le mathématicien, scientifique et philosophe français René Descartes.

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Bien que le lieu de naissance de Descartes, La Haye (aujourd’hui Descartes), en France, soit en Touraine, ses liens familiaux se situent au sud, de l’autre côté de la Creuse, dans le Poitou, où son père, Joachim, possédait des fermes et des maisons à Châtellerault et Poitiers. Joachim étant conseiller au Parlement de Bretagne à Rennes, Descartes hérite d’un rang modeste de noblesse. La mère de Descartes meurt alors qu’il a un an. Son père se remarie à Rennes et le laisse à La Haye, où il est élevé d’abord par sa grand-mère maternelle, puis par son grand-oncle à Châtellerault. Bien que la famille Descartes soit catholique romaine, la région du Poitou est contrôlée par les huguenots protestants, et Châtellerault, un bastion protestant, est le site des négociations sur l’Édit de Nantes (1598), qui donne aux protestants la liberté de culte en France après les guerres de religion intermittentes entre les forces protestantes et catholiques en France. Descartes retourne régulièrement en Poitou jusqu’en 1628.

En 1606, Descartes est envoyé au collège jésuite de La Flèche, établi en 1604 par Henri IV (règne 1589-1610). À La Flèche, 1 200 jeunes hommes étaient formés pour des carrières dans le génie militaire, la justice et l’administration gouvernementale. Outre les études classiques, les sciences, les mathématiques et la métaphysique (l’enseignement d’Aristote était basé sur les commentaires de la scolastique), ils étudiaient le théâtre, la musique, la poésie, la danse, l’équitation et l’escrime. En 1610, Descartes participe à une imposante cérémonie au cours de laquelle le cœur d’Henri IV, dont l’assassinat cette année-là avait détruit l’espoir de tolérance religieuse en France et en Allemagne, est placé dans la cathédrale de La Flèche.

En 1614, Descartes se rend à Poitiers, où il passe une licence en droit en 1616. À cette époque, le Poitiers huguenot est en quasi-révolte contre le jeune roi Louis XIII (règne 1610-43). Le père de Descartes s’attendait probablement à ce qu’il entre au Parlement, mais l’âge minimum pour le faire était de 27 ans, et Descartes n’avait que 20 ans. En 1618, il se rend à Breda, aux Pays-Bas, où il passe 15 mois comme étudiant informel en mathématiques et en architecture militaire dans l’armée de temps de paix du stadtholder protestant, le prince Maurice (régné de 1585 à 1625). À Breda, Descartes est encouragé dans ses études de sciences et de mathématiques par le physicien Isaac Beeckman (1588-1637), pour lequel il rédige le Compendium de musique (écrit en 1618, publié en 1650), sa première œuvre conservée.

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Descartes a passé la période de 1619 à 1628 à voyager en Europe du Nord et du Sud, où, comme il l’expliquera plus tard, il a étudié « le livre du monde. » Lors de son séjour en Bohême en 1619, il invente la géométrie analytique, une méthode permettant de résoudre les problèmes géométriques de manière algébrique et les problèmes algébriques de manière géométrique. Il a également conçu une méthode universelle de raisonnement déductif, basée sur les mathématiques, applicable à toutes les sciences. Cette méthode, qu’il a formulée plus tard dans le Discours de la méthode (1637) et les Règles pour la direction de l’esprit (écrites vers 1628 mais qui n’ont été publiées qu’en 1701), consiste en quatre règles : (1) ne rien accepter comme vrai qui ne soit évident, (2) diviser les problèmes en leurs parties les plus simples, (3) résoudre les problèmes en procédant du simple au complexe, et (4) revérifier le raisonnement. Ces règles sont une application directe des procédures mathématiques. En outre, Descartes insiste sur le fait que toutes les notions clés et les limites de chaque problème doivent être clairement définies.

Descartes a également enquêté sur les rapports de connaissances ésotériques, tels que les prétentions des praticiens de la théosophie à pouvoir commander la nature. Bien que déçu par les disciples du mystique catalan Ramon Llull (1232/33-1315/16) et de l’alchimiste allemand Heinrich Cornelius Agrippa von Nettesheim (1486-1535), il fut impressionné par le mathématicien allemand Johann Faulhaber (1580-1635), membre de la société mystique des Rose-Croix.

Descartes partageait un certain nombre d’objectifs et d’habitudes rosicruciennes. Comme les rosicruciens, il vivait seul et en retrait, changeait souvent de résidence (pendant ses 22 ans aux Pays-Bas, il a vécu dans 18 endroits différents), pratiquait la médecine sans frais, tentait d’augmenter la longévité humaine et avait une vision optimiste de la capacité de la science à améliorer la condition humaine. À la fin de sa vie, il a laissé un coffre de papiers personnels (dont aucun n’a survécu) à un médecin rosicrucien, son ami intime Corneille van Hogelande, qui s’est occupé de ses affaires aux Pays-Bas. Malgré ces affinités, Descartes rejette les croyances magiques et mystiques des rosicruciens. Pour lui, cette période est celle de l’espoir d’une révolution dans la science. Le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626), dans Advancement of Learning (1605), avait auparavant proposé une nouvelle science de l’observation et de l’expérimentation pour remplacer la science aristotélicienne traditionnelle, comme Descartes lui-même le fera plus tard.

En 1622, Descartes s’installe à Paris. Il y pratique le jeu, l’équitation, l’escrime et fréquente la cour, les concerts et le théâtre. Parmi ses amis figurent les poètes Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654), qui dédie à Descartes son Le Socrate chrétien (1652), et Théophile de Viau (1590-1626), brûlé en effigie et emprisonné en 1623 pour avoir écrit des vers se moquant des thèmes religieux. Descartes se lie également d’amitié avec le mathématicien Claude Mydorge (1585-1647) et le père Marin Mersenne (1588-1648), une personne d’un savoir universel qui correspond avec des centaines de savants, d’écrivains, de mathématiciens et de scientifiques et qui devient le principal contact de Descartes avec le monde intellectuel au sens large. Pendant cette période, Descartes se cache régulièrement de ses amis pour travailler, rédigeant des traités, aujourd’hui perdus, sur l’escrime et les métaux. Il acquiert une réputation considérable bien avant de publier quoi que ce soit.

Lors d’une conférence en 1628, Descartes réfute l’affirmation de l’alchimiste Chandoux selon laquelle les probabilités valent les certitudes en science et démontre sa propre méthode pour atteindre la certitude. Le cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629) – qui avait fondé en 1611 la congrégation enseignante des Oratoriens, rivale des Jésuites – était présent à cette conférence. De nombreux commentateurs supposent que Bérulle a incité Descartes à écrire une métaphysique fondée sur la philosophie de Saint-Augustin pour remplacer l’enseignement jésuite. Quoi qu’il en soit, dans les semaines qui suivent, Descartes part pour les Pays-Bas, qui sont protestants, et – prenant de grandes précautions pour dissimuler son adresse – ne revient pas en France pendant 16 ans. Certains chercheurs affirment que Descartes a adopté Bérulle comme directeur de sa conscience, mais cela est peu probable, compte tenu des antécédents et des croyances de Descartes (il venait d’une province huguenote, il n’était pas un fervent catholique, il avait été accusé d’être rosicrucien, et il prônait la tolérance religieuse et défendait l’usage de la raison).

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