Il était une fois Kin la Belle (belle Kinshasa) mais aujourd’hui c’est un monstre de ville, abritant plus de 12 millions de personnes sur les rives du puissant fleuve Congo. S’étendant à perte de vue, elle est plus grande, plus rapide et plus bruyante que de nombreux autres centres urbains. Il y a longtemps, le gouvernement de la ville a perdu la capacité de fournir les services les plus élémentaires.
Il n’en a pas toujours été ainsi. En 1974, Kinshasa était une ville verdoyante, faite de larges boulevards et de nouveaux bâtiments construits sur des opportunités et des promesses. Dans ce lieu situé sur les pentes du bassin du Congo, deux grands poids lourds sont venus se battre. Le 30 octobre, George Foreman et Muhammed Ali ont commencé à boxer devant 50Â 000 spectateurs dans le Stade du 20 Mai – à quatre heures du matin, pour tenir compte des horaires de la télévision américaine.
Le Rumble in the Jungle reste le plus grand match de boxe de tous les temps, mais le stade part en graine. Le quartier d’Immcongo, dans la section Kalamu de la ville, est toujours dominé par les quatre tours lumineuses du stade. Désormais, les maisons et les terrains sales sont construits jusqu’aux murs. Autrefois le plus grand stade d’Afrique, son béton pourri est taché de noir et de gris.
Le boulevard du 30 juin (en français, Boulevard du 30 Juin) est la principale avenue de Kinshasa. Ce boulevard de cinq kilomètres relie le quartier d’affaires de la Gombe, au sud, à la partie ouest de la ville. (Image : Monusco/Myriam Asmani, CC BY-SA, via Flickr)
Mais elle reste une ville assez extraordinaire. Les Kinois admettront à contrecœur qu’ils aiment la Kinshasa chaotique. Ils ne sont pas rebutés parce que les choses ne fonctionnent pas, mais au contraire, ils apprécient ce qui fonctionne. Malgré tous les défis, les Kinois continuent de vivre, de travailler et de jouer.
C’est une ville qui parvient à jeter de la magie et de la créativité partout où vous regardez. Gardez un œil sur l’Astronaute du Congo, un enfant issu de l’un des nombreux ghettos de la ville. Dans sa combinaison spatiale futuriste fabriquée à partir de débris jetés, il flotte dans la ville la nuit, réimaginant son monde.
Magasins et restaurants au niveau de la rue à Kinshasa. (Image : Irène, CC By 2.0, via Flickr)
Les musiciens de Kinshasa exploitent depuis longtemps cet esprit créatif et créent une musique innovante et socialement significative. Des artistes comme Franco et son groupe TPOK étaient aussi novateurs que les Beatles, mais, bien qu’ils fassent partie des musiciens les plus importants d’Afrique subsaharienne, ils étaient pratiquement inconnus en dehors du continent.
La musique créée à Kinshasa aujourd’hui, la bande-son qui retentit dans les bars lorsque vous traversez la ville, mêle dancehall, soul, hip-hop et rumba. Le groupe de Kinshasa qui a fait connaître cette nouvelle créativité au monde extérieur est Staff Benda Bilili. Le groupe, qui comprend des musiciens sans abri et handicapés, est passé de répéter devant des animaux décharnés du zoo de Kinshasa à jouer au Royal Albert Hall.
Staff Benda Bilili, des musiciens de rue de Kinshasa qui sont passés de la vie dans l’enceinte du zoo de Kinshasa à une renommée mondiale. Leur musique est ancrée dans le soukous, avec des éléments de rhythm and blues et de reggae de la vieille école. (Image : Crammed Discs/Guillaume Aricique)
Leur musique, et celle qu’ils ont inspirée, peut être entendue dans tout Kinshasa, si vous parvenez à vous déplacer dans la ville engorgée. Le gouvernement de la ville a adopté la technologie pour faire face au nombre massif de voitures et à la méfiance de la population à l’égard de la police.
Profitez du spectacle des feux de circulation Robocop de Kinshasa. Alimentés par l’énergie solaire, conçus pour ressembler à des policiers géants en métal, ils transmettent des informations à un bureau central, permettant à la ville de surveiller et de répondre au chaos de la circulation de Kinshasa.
Ici, la chose à faire est simplement de s’abandonner à l’atmosphère et à la vivacité de la ville. Dégustez la cuisine congolaise d’inspiration française, et plongez dans le maelström de Kinshasa.
Image du haut : La grande ville de Kinshasa la nuit, capturée du haut d’un immeuble du centre-ville. (Image : Monusco/Abel Kavanagh, CC BY-SA 2.0, via Flickr)
- Mots : Sulaiman Philip
- Édition, recherche de photos et légendes : Mary Alexander
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