Mont-Saint-Michel

Le Mont-Saint-Michel a servi aux sixième et septième siècles de bastion armoricain de la culture et du pouvoir gallo-romain jusqu’à ce qu’il soit saccagé par les Francs, mettant ainsi fin à la culture transmanche qui s’était maintenue depuis le départ des Romains en 460. Du cinquième au huitième siècle environ, le Mont Saint-Michel appartient au territoire de la Neustrie et, au début du neuvième siècle, constitue une place importante dans les marches de la Neustrie.

Intérieur des murs du Mont Saint-Michel

Avant la construction du premier établissement monastique au VIIIe siècle, l’île s’appelait Mont Tombe (latin : tumba). Selon une légende, l’archange Michel serait apparu en 708 à Aubert d’Avranches, l’évêque d’Avranches, et lui aurait ordonné de construire une église sur l’îlot rocheux.

Incapable de défendre son royaume contre les assauts des Vikings, le roi des Francs accepte de concéder la péninsule du Cotentin et l’Avranchin, dont le Mont Saint-Michel traditionnellement lié à la ville d’Avranches, aux Bretons lors du traité de Compiègne (867). C’est le début d’une brève période de possession bretonne du Mont. En fait, ces terres et le Mont Saint-Michel n’ont jamais vraiment été inclus dans le duché de Bretagne et sont restés des évêchés indépendants de l’archevêché breton de Dol nouvellement créé. Lorsque Rollo confirme Franco comme archevêque de Rouen, ces dépendances traditionnelles de l’archevêché rouennais y sont conservées.

Le mont acquiert à nouveau une importance stratégique en 933 lorsque Guillaume Ier Longsword annexe la péninsule du Cotentin au duché de Bretagne affaibli. Le mont fait alors définitivement partie de la Normandie, et est représenté sur la Tapisserie de Bayeux, qui commémore la conquête normande de l’Angleterre en 1066. Harold Godwinson est représenté sur la tapisserie en train de sauver deux chevaliers normands des sables mouvants des marais lors d’une bataille contre Conan II, duc de Bretagne. Le mécénat ducal normand a financé la spectaculaire architecture normande de l’abbaye au cours des siècles suivants.

Scènes 16 et 17 de la Tapisserie de Bayeux : Guillaume et Harold au Mont Saint-Michel (en haut au centre) ; Harold sauvant des chevaliers des sables mouvants

En 1067, le monastère du Mont Saint-Michel apporte son soutien à Guillaume le Conquérant dans sa revendication du trône d’Angleterre. Celui-ci le récompensa par des propriétés et des terrains du côté anglais de la Manche, notamment une petite île au large de la côte sud-ouest des Cornouailles qui fut modelée sur le Mont et devint un prieuré normand nommé Mont Saint-Michel de Penzance.

Canons abandonnés par Thomas de Scales, 7e baron Scales au Mont Saint-Michel le 17 juin 1434

Pendant la guerre de Cent Ans, le royaume d’Angleterre lance des assauts répétés sur l’île mais ne parvient pas à s’en emparer en raison de l’amélioration des fortifications de l’abbaye. Les Anglais ont d’abord assiégé le Mont en 1423-24, puis à nouveau en 1433-34 avec les forces anglaises sous le commandement de Thomas de Scales, 7e baron Scales. Deux bombardes en fer forgé que Scales a abandonnées lorsqu’il a renoncé à son siège sont encore sur place. Elles sont connues sous le nom des Michelettes. La résistance résolue du Mont Saint-Michel a inspiré les Français, notamment Jeanne d’Arc.

Lorsque Louis XI de France a fondé l’Ordre de Saint-Michel en 1469, il avait l’intention que l’église abbatiale du Mont Saint-Michel devienne la chapelle de l’Ordre, mais en raison de sa grande distance par rapport à Paris, son intention n’a jamais pu être réalisée.

La richesse et l’influence de l’abbaye se sont étendues à de nombreuses fondations filles, notamment le Mont Saint-Michel en Cornouailles. Cependant, sa popularité et son prestige en tant que centre de pèlerinage diminuèrent avec la Réforme, et au moment de la Révolution française, il n’y avait presque plus de moines en résidence. L’abbaye fut fermée et transformée en prison, initialement pour détenir les opposants cléricaux au régime républicain. Des prisonniers politiques de premier plan ont suivi, mais en 1836, des personnalités influentes, dont Victor Hugo, ont lancé une campagne pour restaurer ce qui était considéré comme un trésor architectural national. La prison est finalement fermée en 1863. En 1872, le très décoré architecte français des monuments historiques, Édouard Corroyer, est chargé d’évaluer l’état du Mont. Il lui faut environ deux ans pour convaincre son ministre de classer le Mont Saint-Michel comme monument historique, et celui-ci est officiellement déclaré comme tel en 1874. Dès lors, cet architecte hautement qualifié et diplômé, membre de l’Académie des Beaux-Arts, se consacre entièrement à la restauration de « la Merveille ». Sous sa direction, des travaux gigantesques sont entrepris, en commençant par les plus urgents.

Lors de l’occupation de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands occupent le Mont Saint-Michel, où ils utilisent l’église Saint-Auburn comme poste de guet. L’île était une attraction majeure pour les touristes et les soldats allemands avec environ 325 000 touristes allemands du 18 juillet 1940 à la fin de l’occupation de la France. Après l’invasion initiale du Jour J par les alliés, de nombreux soldats allemands épuisés se sont retirés dans des bastions comme le Mont Saint-Michel. Le 1er août 1944, les troupes alliées sont entrées au Mont Saint-Michel. Elles étaient accompagnées de deux reporters britanniques, Gault MacGowan du New York Sun et Paul Holt du London Daily Express, et de foules de Français en liesse.

Édouard Corroyer y consacre quinze ans de sa vie et écrit quatre ouvrages sur l’édifice. Le nom d’Édouard Corroyer reste à jamais attaché à la « résurrection » du Mont Saint-Michel.

Le Mont Saint-Michel et sa baie ont été ajoutés à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979, et il a été inscrit avec des critères tels que l’importance culturelle, historique et architecturale, ainsi que la beauté créée par l’homme et la beauté naturelle.

Design de l’abbayeÉditer

Voir aussi : Abbaye du Mont-Saint-Michel
Plan du mont par Eugène Viollet-le-Duc

Au XIe siècle, Guillaume de Volpiano, l’architecte italien qui avait construit l’abbaye de Fécamp en Normandie, est choisi par Richard II, duc de Normandie, pour être le maître d’œuvre de la construction. Il conçoit l’église romane de l’abbaye, plaçant audacieusement la croisée du transept au sommet du mont. De nombreuses cryptes et chapelles souterraines doivent être construites pour compenser ce poids ; elles constituent la base de la structure portante ascendante que l’on peut voir aujourd’hui. Aujourd’hui, le Mont Saint-Michel est considéré comme un édifice d’architecture romane.

Robert de Thorigny, grand soutien d’Henri II d’Angleterre (qui était également duc de Normandie), renforce la structure des bâtiments et construit la façade principale de l’église au XIIe siècle. En 1204, Guy de Thouars, régent de la duchesse de Bretagne, vassal du roi de France, entreprend le siège du Mont. Après avoir incendié le village et massacré la population, il est obligé de battre en retraite sous les puissants murs de l’abbaye. Malheureusement, le feu qu’il a lui-même allumé s’étend aux bâtiments, et les toits sont la proie des flammes. Horrifié par la cruauté et les exactions de son allié breton, Philippe Auguste offre à l’abbé Jourdain une subvention pour la reconstruction de l’abbaye dans le nouveau style architectural gothique.

C’est à Charles VI que l’on doit l’ajout d’importantes fortifications au mont abbatial, la construction de tours, de cours successives et le renforcement des remparts.

DéveloppementEdit

  • .

    10e siècle

  • 11e au 12e siècle

  • 17e au 18e siècle

    .

  • 19e au 21e siècle

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *